Figures Locales

Quelques éléments bibliographiques

Claude-Antoine Rudel, né le 20 septembre 1719 à Chauriat et décédé le 18 juin 1807 au Miral, était un magistrat et un homme politique français. Issu d’une famille noble, fils du juge châtelain de Vertaizon, Rudel effectue des études de droit à Bourges. Il est reçu ensuite comme avocat auprès du Parlement de Paris, avant de venir s’établir à Thiers. Notable respecté, Rudel grimpe tous les échelons de la hiérarchie municipale. Il est maire de Thiers pour la première fois de 1763 à 1765, et occupe plusieurs fois ce poste jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
En 1789, il se rallie aux idées révolutionnaires et est élu une nouvelle fois maire de sa cité. Le 7 septembre 1792, Rudel est élu député du Puy-de-Dôme à la Convention. Il a 73 ans et est l’un des doyens de la nouvelle assemblée. Rudel s’oppose à Robespierre en thermidor et accueille avec soulagement la fin de la Terreur.
Le 25 octobre 1795, Rudel est président du Collège électoral de France, en tant que doyen d’âge. Malgré ses 76 ans, il est largement réélu au Conseil des Anciens par 270 voix sur 305 votants. Il quitte la vie politique à la fin de son mandat.Il meurt en 1807 à l’âge de 87 ans.

Un franc maçon

Rudel est ouvertement franc maçon. La franc-maçonnerie se définit, selon la Grande loge de France comme " un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité". En donner une définition est compliqué sachant qu’il en existe autant qu’il existe de loge. Plus globalement on sait qu’elle apparaît en 1598 en Écosse puis en Angleterre au XVIIème siècle. Elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Elle est organisée en obédiences depuis 1717 à Londres.
Il y a deux branches : 

  • la franc-maçonnerie dite « spéculative » : c’est-à-dire philosophique
  • la « maçonnerie » dite « opérative » formée par les corporations de bâtisseurs qui édifièrent, entre autres, les cathédrales.

Elle prodigue un enseignement ésotérique progressif à l’aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l’humanité, laisse à chacun le soin d’interpréter ces mots. Sa vocation se veut universelle.
En Auvergne la franc-maçonnerie s’implante avec plus ou moins de bonheur entre 1750 et 1760 (déboire de la loge de Thiers avec le clergé local). Connu comme étant franc maçon affilié à la loge Saint Etienne de Thiers (on ne sait pas où il a été initié), ses convictions ont été suffisamment importantes pour qu’il les grave dans la pierre. En effet, l’originalité de la maison de Rudel consiste dans le fait qu’il n’hésite pas à afficher ouvertement son appartenance à la confrérie en affichant des symboles sur la façade et à l’intérieur (saison, zodiaque, lune et soleil, étoile…). Il fera de même avec l’ancienne église Ste Marie qu’il transformera en grange avant de lui apposer aussi des symboles maçonniques. 

Un Californien en Auvergne

S’il y a bien des choses que nous ne pouvons parfois pas comprendre, ce sont les hasards de la vie qui, par moment, créés des rencontres improbables… Celle de Ralph Stackpole et des villages de Mezel et Chauriat en restera une… En effet, comment imaginer aux premiers abords, que ce chef de file du mouvement art déco américain reconnu internationalement, à la fois mécène et ami de Frida Kahlo et Diégo Rivera ait fini sa vie au cœur des volcans d’Auvergne, et pourtant…

Ralph Ward Stackpole, est né à Williams dans l’Oregon le 1er mai 1885. Très tôt, il sera obligé de travailler afin de subvenir aux besoins de sa mère et de lui-même suite au décès tragique de son père qui trouva la mort dans un accident de scie circulaire. Toutefois, il sera toujours attiré par l’art et, dés 1903, il intègre la California School of Design où il sera fortement influencé par l’un des ses enseignants, Arthur Frank Mathews qui est à la fois peintre et muraliste. C’est aussi dans cette école qu’il rencontre sa première petite amie, Helen Arnstein, fille d’un riche amateur d’art juif, qui le décrira comme étant "un dessinateur remarquable qui peint et dessine constamment".

Les années Chauriat

En arrivant à Chauriat, il va se lier d’amitié avec différents artistes et écrivains dont la poétesse Hélène Morange qui lui dédicacera d’ailleurs l’un de ses poèmes.
C’est à cette époque que ses œuvres deviennent moins figuratives. Désormais, il travaille autant en sculpture qu’en peinture son goût pour l’abstrait. Il reste, néanmoins, en contact avec ses amis américains, comme Helen Salz, avec laquelle il correspond beaucoup. Cette dernière notera l’absence de mention dans ses courriers de projets d’envergure tant en peinture qu’en sculpture. Elle achète un buste réalisé par Stackpole du poète George Sterlingand pour en faire don à l’Université de Californie en 1955-56.
S’il ne participe pas à des grands projets architecturaux comme c’était le cas aux États-Unis, Stackpole entreprend une série d’expositions importantes à l’instar de celle du Centre Culturel Américain de 1959 qu’il partage avec le peintre Appleby. C’est lors de cette dernière qu’il affirme l’orientation de son art vers l’abstraction (stèles gravées et évidées, grands totems en bois, formes mobiles)
A partir de 1960, il participe à d’autres expositions comme celle du musée de St Etienne « 100 sculpteurs de Daumier à nos jours ».
Il est sélectionné pour plusieurs salon et devient membre en 1961 de la Fédération Française des Sociétés d‘Art. Entre 1962 et 1963, il rêve d’un projet de musée de la vie et des arts maritimes sur l’île d’Alcatraz dont la prison vient de fermer mais qui ne pourra pas se faire.
En 1964, il fait partit des 15 artistes honorés par l’Institut d’Art de San Francisco « En reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à l’excellence des arts visuels ». Il en profite pour donc faire un dernier séjour en Californie pour voir sa famille et ses amis dont Kenneth Rexroth.
En 1965, il part à Athènes pour l’inauguration des Panathénées de la Sculpture Mondiale à laquelle il présente Pierres pour un Palais de Fougères et Rencontre Végétale. En 1967 il expose également en Italie à La Mostra Internazionale di scultura.
Entre 1965 et 1972, il sera membre du jury du Prix des Volcans de Clermont-Ferrand. A partir de 1970, il se remet à la peinture et réalise une douzaine de grandes toiles, des gouaches et des aquarelles abstraites.
En novembre 1973, il travaille sur son dernier dessin : un projet pour un concert en plein air à Chauriat. Il décède le 10 décembre de la même année, d’une longue maladie, à l’âge de 88 . Sa femme, Ginette, décède en 1978.

Parcours

Hélène née à Clermont-Ferrand le 27 octobre 1905. Son père est un militaire de carrière originaire du village de Briffons, dans les Combrailles, qui sera au cœur de certains de ces poèmes.
En 1923, elle rentre à l’Ecole Normale pour devenir institutrice et obtient son premier poste en 1926 à Auzelle. Atteinte d’une grave maladie en 1935, elle est nommée l’année suivante à Chauriat.
C’est lors de cette nomination qu’elle rencontre, son collègue et futur mari, Aristide Belin. Le couple se marie en 1939 et aura un fils, Claude en 1941.
Au début des années 1950, malade, elle doit renoncer à enseigner et se concentre sur l’écriture.
En 1953, son mari est nommé à Clermont-Ferrand mais, le couple garde une « maison des champs » dans la commune de Chauriat. Un lieu où elle aime lire, écrire et soigner ses fleurs.
Le 8 avril 1972, elle se fait renverser, par une voiture, rue Montlosier à Clermont et décède peu après de ses blessures. Ces derniers vers, écris quelques jours plus tôt, résument bien sa conception de la vie :
" Et Pourtant je suis toujours en moi-même
Une enfant qui s’émerveille
Quand mes cheveux seront tous devenus blancs
Peut-être croirai-je à la mort." 

Se refusant femme de lettres, Hélène Morange ressent néanmoins le besoin d’écrire pour exprimer ses sentiments. Ses poèmes traitent de l’amour, de l’enfance, de la nature, des saisons… Entre 1939 et 1953, elle édite quatre recueils illustrés par les dessins de son mari. A chaque fois, elle est saluée par la critique et reçoit de nombreuses éloges de la part des grands noms de l’époque.
Pour son œuvre, elle recevra plusieurs prix dont le Prix Francis Jammes en 1952 qui fera dire à Alexandre Vialatte : 
"Elle parle à voix basse, elle rêve d’un chant qui "ne serait que chaleur qui reste sur la pierre quand le soleil s’en est allé, "le silence qui s’ouvre doucement quand l’oiseau a fini de chanter". Elle a raison. Le silence est la voix des grandes choses. Elle touche." 
Bien que vivant retirée du milieu intellectuel parisien, elle entretiendra des correspondances importantes avec le philosophe Gaston Bachelard ou les poètes Jean Bouhier, Jean Rousselot, Michel Manoll, Jean-Claude Renard, mais aussi avec les écrivains locaux comme Amélie Murat, Marguerite Soleillant, Pierre Delisle ou Alexandre Vialatte. Elle est très admirative de René-Guy Cadou qu’elle ne pourra malheureusement jamais rencontrer.
Enfin, dans ses amis, il est important de citer aussi, Ralph Stackpole, grand sculpteur et peintre américain, retiré à Chauriat auquel elle dédicacera un poème.
Après sa mort, son mari fera rééditer en un seul volume ses différents opus sous un titre sobre, reflétant bien sa personnalité : Poèmes.